Gabriel Knight: Sins of the Fathers

Développé par Sierra On-Line (1993)
Android – macOS – PC

Gabriel Knight est un jeu d’aventure teinté d’humour et d’horreur, qui prend racine dans les légendes vaudous de la Nouvelle-Orléans.

Publié en 1993, soit trois ans après The Secret of Monkey Island et un an après King’s Quest VI: Heir Today, Gone Tomorrow, le premier opus de la série Gabriel Knight s’inspire du succès de ses prédécesseurs pour offrir une aventure de haut calibre destinée à un public adulte et averti.

Le joueur incarne Gabriel Knight, un écrivain, libraire et hédoniste incorrigible, installé dans le quartier français de New Orleans. Dès les premières lignes de dialogue, le personnage apparaît riche et complexe, à la fois détestable et attachant, et ses échanges acerbes avec Grace, son assistante insoumise, donnent tout de suite le ton et la mesure de l’œuvre. L’écriture est finement maîtrisée et participe activement à l’ambiance unique du jeu.

De façon étonnante considérant l’époque, la totalité des dialogues sont vocalisés par des acteurs professionnels, dont Mark Hamill, Michael Dorn (Worf dans la série Star Trek), Leah Remini dans le rôle de Grace ainsi que Tim Curry dans le rôle du personnage principal. Mais plus étonnant encore, la totalité des textes narratifs est également vocalisée, c’est-à-dire que chaque description d’objet trouvé dans le jeu et chaque action accomplie par le joueur est décrite par la voix riche, mystérieuse et envoûtante de Virginia Capers. Sa performance est si saisissante qu’elle remporta en 1994 le prix « Best Female Voice-Over Acting » du Computer Gaming World.

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Le récit lui-même est présenté comme un « Supernatural Psycho-Thriller » et  s’appuie sur une panoplie de références historiques et anthropologiques afin d’offrir une expérience cohérente et authentique. Gabriel, qui enquête sur une série de meurtres liée à des pratiques vaudous dans le but d’écrire un livre sur le sujet, découvre un cartel de puissants personnages exerçant un contrôle important sur la ville.

Chacun cache bien son jeu et mène une double, voire une triple vie, et le joueur devra percer les nombreux voiles de mystère entourant ce groupe dangereux. Gabriel Knight vivra lui-même une progression fulgurante, passant de machiste désabusé à descendant involontaire d’une longue lignée de Schattenjäger, qui signifie littéralement « chasseur d’ombres ».

Le jeu fait référence aux vévés traditionnels, aux esprits Loa et à d’autres éléments de la pratique vaudou, tissant une fable moderne qui s’inscrit à mi-chemin entre la réalité historique et l’imaginaire ludique. De même, et contrairement aux principaux jeux d’aventure de son époque, les puzzles sont logiques et s’inscrivent dans la fiction de l’univers présenté. Par exemple, dès le début du jeu, les rues de New Orleans sont occupées par de nombreux personnages, dont un grand nombre de musiciens composant une ambiance vivante et crédible en trame de fond. Or, il s’avère au fil du récit que l’un de ces musiciens surveille le joueur et relaie, grâce à sa musique, des informations sur ses allées et venues, afin que ses maîtres au sein du cartel puissent évaluer le danger qu’il représente. Le joueur devra lui aussi décoder ces signaux musicaux afin de découvrir les secrets de ses adversaires.

Le gameplay est donc aussi finement tissé que le récit, offrant une expérience absolument mémorable. De plus, les environnements foisonnent de détails visuels et sonores et l’interface demeure fonctionnelle et facile à comprendre malgré son âge. Un clic gauche déclenche une interaction avec un lieu, un objet ou un personnage, tandis qu’un clic droit modifie la nature de l’interaction (ouvrir, parler, utiliser, etc). Par contre, le héros se déplace lentement dans l’environnement et le joueur devra faire quelques aller-retours obligés, ce qui peut entraîner une certaine dose d’impatience.

Gabriel Knight: Sins of the Fathers est considéré comme l’un des plus grands jeux d’aventure et cette réputation est amplement méritée, comme celle de son successeur The Beast Within. Le grand âge de la série nécessite une certaine adaptation pour les joueurs d’aujourd’hui, mais ses nombreuses qualités valent définitivement le détour.

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+ Superbe ambiance visuelle et sonore
+ Personnages complexes et récit mature
+ Puzzles logiques ancrés dans un contexte historique
+ Trame sonore et voice-acting de qualité
+ Mécaniques et interfaces efficaces
– Lenteurs et longueurs

EXCELLENT si vous cherchez :
+ Une aventure sombre et mystérieuse
+ Un grand classique de l’âge d’or du point-and-click

À ÉVITER si vous cherchez :
Un jeu léger qui demande peu de temps
Une aventure moderne

9.3/10 Shnapenn’s Choice
Révisé le 20 juillet 2019

 

 

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